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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 08:52

Les non dupes errent-ils? (Nicolas Janel – Formation APERTURA du 29/04/2022)

Par rapport aux liens sociaux, je vais vous proposer de prendre les choses un peu à l’envers. L’idée serait plutôt de se demander quelles perspectives de lien s’ouvriraient pour quelqu’un qui aurait traversé une cure psychanalytique. Quelqu’un que j’appellerais un « homo-analyticus ». La fiction serait de se demander ce que serait un monde d’« homo-analyticus » ? Cela changerait-il les rapports sociaux ?

Pour commencer, je vous propose de repasser par un rappel de base concernant l’être parlant que nous sommes. Jacques Lacan a apporté que le sujet se constitue dans l’Autre : « le grand-Autre ». Il s’agit d’une instance, souvent personnifiée par la mère auprès de laquelle l’enfant se constitue. Et cet Autre n’est pas plein. Il est barré, il s’écrit «». Avec une barre sur le A majuscule. Cette barre correspond à sa prise dans le registre du manque, manque soutenu par la castration symbolique. Ce n’est donc pas un Autre tout puissant, ou tout jouissant. Son entame, la part de manque que représente la barre est assurée par les noms du père pour le sujet. Les noms du père sont souvent personnifiés par le père qui viendrait interdire à l’enfant une totale jouissance avec la mère. Cela se passerait comme si un reste de jouissance se détachait du grand-Autre et du même coup du sujet. Ce reste correspondrait à ce que Lacan a qualifié d’« objet a ». Sorte de perte irrécupérable consécutive à l’inscription de la castration chez le sujet.

C’est à partir de cette perte que le désir serait causé, le désir se comprenant comme déplacement du manque, pourrai-t-on dire. Lacan qualifie ainsi l’« objet a » d’« objet cause du désir ». Autrement dit, plus la question de la perte symbolique sera inscrite pour le sujet, plus la question du désir sera soutenue. C’est un des enjeux de la cure, enjeu qui change le rapport à l’objet. L’homo-analyticus assumant alors son manque, toute course illusoire aux ersatz d’objet a, tels les objets de consommation, lui paraîtra veine. Il ne recherchera plus autant ces bouchons, de toutes façons inadéquates ! Sa quête correspondra davantage en un désir… de quoi ? Et bien en un désir… de désir !

C’est-à-dire en une recherche de mouvement, en une recherche de dynamique désirante qui lui sera singulière. Et si cette dynamique désirante lui est singulière, qu’elle est, si on peut dire, « propre à lui », « sur mesure », cela devrait peut-être lui permettre de s’extraire quelque peu des enjeux de concurrence, de rivalité, ou de jalousie qui se retrouvent dans la logique habituelle du moi et de ses objets.

Effectivement, pour en arriver là, cet « homo-analyticus » aura traversé toute la glu du registre spéculaire. Car l’humain est aussi pris au cours de sa constitution dans le registre spéculaire. Le spéculaire renvoie donc aux questions du moi, qui fait normalement obstacle au sujet mais en même temps qui lui donne une structuration possible dans un ensemble.

Le spéculaire, c’est l’axe imaginaire puis symbolique pris dans le regard de ce fameux grand-Autre. Il y a une opération de miroir avec le regard de l’Autre pour la constitution du moi chez l’humain. L’humain est identifié spéculairement par l’Autre dans une image, en fonction du regard désirant de cet Autre. C’est ce qu’illustre le fameux stade du miroir et de manière plus précise le schéma optique de Lacan. On y retrouve différentes instances.

Il y a le « moi idéal » et l’« idéal du moi » :

  • Le « moi idéal » est une instance imaginaire.

  • L’« idéal du moi » est une instance symbolique.

Le « moi idéal », imaginaire donc, viendrait représenter l’instance au sein de laquelle le « moi » satisferait imaginairement l’instance symbolique de l’« idéal du moi ».

L’« idéal du moi », symbolique donc, étant l’instance héritière post-œdipienne de ce qui satisferait le regard et l’attente de l’Autre. Il s’agit du lieu où l’on se voit être vu. Il ressort au moins déjà deux choses de ce que je viens de dire. D’abord, cela met à jour la manière qu’a l’humain d’engluer son désir dans le pôle de l’idéal :

  • Tout pour être bien, ou en tous cas selon les attentes de l’Autre, ou selon son regard, ou son jugements supposé.

  • La culpabilité est là pour nous le rappeler.

Ceci est plus ou moins inconscient bien sûr. Ensuite, au-delà de l’Autre, il y a les autres. Cela est tout à fait bien illustré sur le schéma L de Jacques Lacan dont on a déjà parlé ce matin : tout rapport au semblable, c’est-à-dire au petit autre, tout rapport à quelqu’un d’autre, est comme conditionné par ce qui aura été mis en place avec le stade du miroir. Un peu comme si finalement, on ne s’adressait qu’à notre image quand on parle à quelqu’un. Une image un peu meilleure ou moins bien… mais qui serait étalonnée de la même manière. Bref, cela nécessite beaucoup pour prendre un autre dans toute sa différence, pour s’adresser véritablement à quelqu’un d’autre.

 

Sortie d'une logique moïque paranoïaque concurrentielle et xénophobe.

Cela nécessite d’avoir « éplucher » les différentes couches d’identification dont notre moi s’est paré. On donne souvent l’exemple d’un oignon, un oignon qu’on éplucherait couche après couche. Traverser ces différentes couches permettrait d’assouplir notre rapport au « petit autre », c’est-à-dire notre rapport au semblable. La logique du Moi est une logique qui met en concurrence les individus, et qui est source de férocité, de jalousie, de sentiment de menace face au semblable. Ce dernier y est soit idéalisé, renvoyant le « Moi » à son insuffisance ; ou à l’envers, si ce dernier est trop different pour exister dans cette logique narcissique, il n'existe pas, il n'est pas vu, ou il est refusé (d’où un certain racisme non pas naturel mais moïque). Dépasser cette logique moïque modifiera le rapport au semblable de l'analysant après la cure. Dans ses liens aux autres, cela sera très pacifiant pour notre « homo-analiticus ». Son rapport au semblable sera moins paranoïaque. Il ne se sentira plus en concurrence. Il se considérera davantage comme « fils du discours » parmi d’autres, chacun soutenant la question de la rencontre singulière.

 

Sortie des fausses bonnes morales autoritaires.

Si on revient maintenant au pôle de l’idéal, on voit bien que finalement, l’idéal du moi apparait comme un prolongement post-œdipien de de la jouissance de l’Autre, du grand-Autre. Et il faut savoir qu’après le stade du miroir et le complexe d’Œdipe, l’« idéal du moi » est branché, de manière spéculaire, sur la loi et les codes moraux en vigueur. C’est là qu’on peut situer ce que Lacan appelle « le service des biens ». C’est là qu’on peut situer le « souverain bien », le bien sous toutes ses formes : Être un bon élève, bien agir, bien penser selon ce qui fait norme… C’est l’endroit de l’idéal, du support de l’idéologie. Et on comprend qu’à cet endroit, par le biais de son narcissisme, le parlêtre se fait davantage bon objet de l’Autre, autrement dit objet de jouissance de l’Autre, que sujet désirant. Le pôle de l’idéal et le pôle du désir ne vont pas dans le même sens. Le décollement de l’« objet a » cause du désir du pôle de l’idéal du moi est une étape nécessaire à franchir pendant la cure. Il est nécessaire de permettre que le sujet s’affranchisse du pôle du souverain bien pour que la question de son désir inconscient puisse s’affirmer. Cela ne veut pas dire qu’il fera n’importe quoi, car le désir n’est pas sans loi, ce n’est pas la jouissance. Mais cela veut dire que le sujet pourra être davantage lui-même face aux multiples injonctions du monde qui l’entoure. Il pourra être davantage libre, moins hypnotisé par le discours courant et les discours dominants dans lesquels il est pris. La résurgence des fausses bonnes morales en tout genre dans notre société ne semble donc pas être de bon présage pour la question désirante.

 

Sortie de l'aliénation groupale et des identifications mutuelles.

Notre « homo-analyticus » pourra également être moins prisonnier des phénomènes de psychologie collective qu’illustre le fameux schéma de Freud dans psychologie collective et analyse du moi1. Ce schéma figure la mise entre parenthèses du moi d’un individu pris dans un collectif. L’objet extérieur se retrouve dans ces cas directement branché sur l’idéal du moi de l'individu. Le Moi est mis entre parenthèse, l'individualité se retrouve totalement suspendue à un objet extérieur qui peut correspondre à l’idéologie fanatique d’un leader par exemple. Cela s’accompagne de phénomènes d’identifications mutuelles des individus entre eux, qui deviennent frères, tous les mêmes au sein d’un clans.

Et bien l’« homo-analyticus » devrait pouvoir s’affranchir de cette aliénation groupale. D’une part parce qu’avant l’épluchage du moi, le travail psychanalytique aura permis de réintroduire la place du moi. D’autre part parce que le sujet aura décollé le pôle de son désir du pôle de l’idéal qui ne le gouverne donc plus.

 

Ouverture à l'amour trans-narcissique.

Qu’en est-il maintenant concernant l’amour, c’est-à-dire concernant les liens amoureux ?

La plupart du temps, l’amour narcissique prédomine. Ce genre d’amour entretien l’idée d’une complétude recherchée. Cette complétude pouvant se faire par exemple soit par une forme de retrouvaille du même chez l’autre, soit par complémentarité parfaite entre les deux amoureux à partir de ce qu’il leur manquerait. Cela exclut la question de la division du sujet et de la différence. Il y a plutôt une logique de l’Un. Et on pourrait se demander si cela correspond véritablement à du lien. Car ne faut-il pas de la séparation pour qu’il y ait possibilité de lien ? Mais, dans cette logique fusionnelle, et heureusement pour le sujet qu’il y ait un « mais », la passion irrésistible qui en serait l’apogée se retrouve la plupart du temps empêchée.

Cela est bien illustré dans les mythes amoureux où ce genre de quête contrevient par exemple aux volontés des dieux, ou aux lois sociales, ou codes moraux en vigueur. L’amour complété se retrouve alors toujours impossible. Presque comme si l’entrave en était la condition. Dans les mythes, ce n’est éventuellement que dans la mort que l’impossible peut se réaliser, mais finalement pas vraiment, tel le symbolise l’enchevêtrement du rosier et de la vigne en tant que restes des corps de Tristant et Iseult… corps qui pourrait enfin s’entrelacer.

Par rapport à la cure analytique, on pourrait peut-être assimiler cette recherche de complétude à une dimension du transfert, que Freud appelle « amour de transfert », avec sa dimension narcissique. Je m’explique. Par rapport à la constitution de l’amour, l’hypothèse de Lacan repose sur le phénomène de substitution de place entre celui qui aime (Erastès) et celui qui est aimé (Eroménos). Quand vous tendez la main vers le fruit tant attendu, et qu’au moment de saisir ce fruit, surgit de ce fruit une main qui saisit la vôtre… Il y aurait substitution, renversement des places entre celui qui aime et celui qui est aimé. Lacan présente cela comme une métaphore qui produit une nouvelle signification qui serait l’amour. Le dispositif analytique induirait cela. Le patient, peut-être initialement en position d’Erastès, c’est-à-dire de celui qui aime, qui demande, va vers l’analyste pour telle ou telle raison. Il rencontrerait alors une prise en compte, une écoute. Sans qu’il y ait réponse à la demande, ce qui obturerait toute la suite, cette prise en compte qui concerne en fait la question du sujet et du désir leurrerait le patient en le mettant en place d’Eroménos, c’est-à-dire en place d’être aimé. Cette substitution de place chez l’analysant, de la place de celui qui aime à la place de celui qui est aimé, serait-elle une métaphore qui produirait l’amour de transfert ? Autrement dit, revendiquant le droit d’être aimé, le patient se ferait l’aimable qu’il aime… Il y aurait constitution d’une forme d’amour plutôt narcissique. Un amour qui renvoie à soi-même en passant par un autre. « Soi-même » que l’on peut écrire « soi m’aime » avec le verbe aimer, comme si le moi s’aimait. Cette quête amoureuse pourrait donc se concevoir comme une tentative de combler un défaut de jouissance par le biais du narcissisme.

 

La question de l’image du Moi faisant croire à une possible complétude résonnerait ainsi, en écho à une jouissance perdue où le manque n’avait pas sa place. Comme la complétude est justement ce qui manque, en raison de ce qui pourrait faire défaut chez celui qui vient demander quelque chose, on comprend le célèbre aphorisme de Lacan : « l’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas… à quelqu’un qui n’en veut pas. » Autrement dit, on viendrait demander une complétude sans l’avoir, en tentant de se faire complet auprès d’un autre qui pourrait justement nous apporter cette complétude. On s’identifierait aux objets d’amour supposés de l’Autre et on engluerait notre désir dedans. Tout cela sur un fond de supposition que cet Autre serait d’une certaine manière, quant à lui, porteur de ce qui nous compléterait.

 

On retombe ici sur la question de l’engluement du pôle de l’idéal. Comme précédemment dit, au cours du travail analytique, durant la traversée des différentes couches d’identifications aux objets d’amour appartenant au registre du moi, le désir de l’analyste permettrait, à l’opposé, une opération qui ouvrirait sur la découverte d’une autre identification qui ne serait plus une unification, mais qui équivaudrait à l’introjection d’un manque, un manque constitutif de la chaîne signifiante du désir. Car l’analyste peut soutenir la question du désir au-delà des collages transférentiels, à partir de ce qu’il a lui-même découvert à travers sa cure dite didactique. Autrement dit, au-delà de l’amour de transfert, c’est l’affirmation du lien du désir de l’analyste au désir du patient qui permettrait le transfert analytique et le déroulement de la cure. A partir de l’amour narcissique, l’analyste permettrait ainsi la découverte du désir. On retombe sur ce qu’on a déjà dit mais cette fois-ci à partir de l’amour narcissique : l’opération analytique décollerait le point d’où le sujet se voit aimable, de la question de son désir inconscient.

Ce décollement, en écho aux entraves et aux impossibles des mythes amoureux, nous renvoie à la question de la division du sujet et à la castration. Par-là, l’analyse se distingue effectivement de l’hypnose qui vient faire se confondre le pôle de l’amour et du désir. Leur distinction est possible dans la mesure où le désir de l’analyste va dans un sens opposé aux identifications dont se pave le chemin de l’amour.

Cela reviendrait-il à dire qu’il n’y aurait plus d’amour chez notre « homo-analyticus » ? D’abord, il est important de relever qu’il s’agit dans la cure d’une traversée, d’une percée dans l’amour narcissique. Et une traversée ne correspond pas forcément à un effacement. Traverser la question de la complétude amoureuse ne veut pas forcément dire en être dépossédé. Mais peut-être en être moins prisonnier ? Peut-être pouvoir en garder la saveur sans pour autant y engluer son désir ? Tout cela reste à discuter. Mais ensuite, comme le développe Lucien Israël, la percée du narcissisme et l’ouverture au désir ouvrent également à l’amour de la différence dans l’amour trans-narcissique. Ce n’est pas la même chose, dans l’amour trans-narcissique se pose la question d’être aimé pour notre manque et d’aimer l’autre pour son manque et pour ce que ce manque implique, dans une logique plus désirante. Dans son livre, La jouissance de l’hystérique, Lucien Israël repère que : « …dans l’acceptation de (l’) autre incomplet existe la possibilité d’une création amoureuse à la mesure de chacun, création où il n’y a plus de modèle, où chacun a à créer sa propre voie. » Cet amour ne vise pas la complétude mais plutôt la différence. Voilà vers quoi pourrait tendre notre « homo-analyticus ».

Ouverture à la sublimation.

Qu’en serait-il maintenant dans sa sexualité ? Vous savez que Lacan avait sorti la phrase provocatrice « il n’y a pas de rapport sexuel ». Ce n’était pas pour dire qu’il n’y a pas d’acte sexuel entre deux personnes, mais pour dire qu’il n’y a pas de complétude des jouissances sexuelles entre les deux personnes, entre leur fantasme inconscient. Il disait que cela ne peut pas s’écrire. Prenant conscience de cela, notre « homo-analyticus » qui ne serait plus dupe errerait-il sexuellement ? Comment se débrouillerait-il une fois l’illusion traversée ?

Si cela reste à développer, on peut déjà dire qu’après la traversé du fantasme inconscient, le travail analytique ouvre en tout cas davantage la question des pulsions et leurs possibles destins vers la sublimation. Un tout autre éros, peut-être plus artistique ou intellectuel pourra se poser. Et les pulsions agressives sublimées n’auront peut-être plus besoin de se décharger par l’agressivité dans le lien social. C’était d’ailleurs la réponse de Freud à la question d’Einstein « Pourquoi la guerre ? » ou « comment éviter la guerre ? ». Freud répondait par la culture, « La culture comme solution à la guerre ! » Malheureusement, la persistance d’un clivage entre certaines pulsions agressives d’un coté et leur sublimation dans la culture de l’autre coté peut rester problématique. Je vous rappelle à ce titre, qu’outre la « banalisation du mal » par les mécanismes de psychologie collective, cette persistance d’un clivage entre certaines pulsions agressives et leur sublimation dans la culture permettrait d’expliquer par exemple la violences des nazis qui n’étaient pas qu’un groupe sans culture comme on aimerait le croire.

Vers une « moebiennisation » dans les rapports aux autres et au monde.

Enfin, un autre changement apporté par la cure serait celui d’une « moebiennisation » possible dans les rapports à l’autre et au monde. Je m’explique. Au départ, le rapport à l’autre et au monde d’un individu peut avoir tendance à fonctionner selon le model topologique d’une sphère. Une sphère présente un dedans et un dehors. L’un exclu l’autre. Ce n’est pas en continuité. Soit on est en dedans, soit on est en dehors. Si le dehors correspond aux interactions avec le monde extérieur et le dedans à soi-même, l’existence est binaire. Quand il est dehors, l’individu y est alors entièrement, tout pour l’autre. Mais il se perd lui-même. A l’opposé, quand il est dedans, cet individu se retrouve, il peut être lui-même, mais coupé des autres qui sont à l’extérieur. Il est seul. On retrouve ici un fonctionnement binaire : S’oublier soi-même ou se couper du monde. Tout pour l’autre ou tout seul. C’est du tout au tout : « tout-tout » ! La question du lien est alors problématique. Les effets du confinement ont d’ailleurs majoré cela chez certaines personnes. La cure permet justement d’ouvrir cette logique. Comme si on prenait une paire de ciseaux et que l’on fabriquait une bande de Möbius à partir de l’anneau qui figurerait la surface de la sphère.

La bande de Möbius présente une seule face qui est à la fois dedans et dehors, dans une forme de « continuité disjointe ». Le rapport du sujet au monde se retrouve alors moins binaire. Le lien à l’autre devient possible sans qu'on se perdre soi-même. L'articulation est possible. C’est moins « tout pour toi dans l’angoisse du dehors » ou « tout moi dans la solitude ». Les liens à l’autre de notre « homo-analyticus » s’en trouvent donc davantage facilités.

 

Voilà pour quelques perspectives de liens apportés par la cure. Chaque individu pourra en somme y reconnaître à sa manière qu’il est un sujet du langage en lien à l’Autre et aux autres, selon une éthique du désir qui n’est pas jouissance et qui permet à chacun d’interagir dans sa singularité. Une autre idéologie se propose ici qui ne peut qu’inviter chaque psychanalyste à prendre aussi sa part dans le social.

1 Sigmund Freud, « Psychologie collective et analyse du moi », dans Essais de psychanalyse.

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